Revue de Presse : Le Marin du 21 novembre

LE MARIN

Pêche électrique : le statu quo… jusqu’au vote en plénière

Publié le 21/11/2017 18:17

La commission de la pêche du Parlement européen a voté ce mardi 21 novembre le statu quo sur l’encadrement de la pêche électrique, alors que les Néerlandais espéraient développer la technique. Au contraire, des ONG, élus et représentants de la pêche française militent pour l’interdire.

Ce vote, dans le cadre de  la révision des mesures techniques, était très attendu. La pêche électrique consiste à envoyer des décharges dans le sédiment pour capturer les poissons plats qui y vivent enfouis, ou les crevettes grises à sa surface. Elle est interdite dans de nombreux pays (États-Unis, Chine, Brésil). En Europe, elle est interdite depuis 1998 mais fait l’objet d’une dérogation au titre de la pêche « innovante ». Une brèche dans laquelle les Pays-Bas se sont engouffrés. Les pêcheurs des Hauts-de-France soupçonnent que cette pratique explique la raréfaction qu’ils observent sur la sole.

Le compromis voté garde la limite à un maximum de 5 % de chalutiers à perche équipés en électrique, à titre d’expérimentation. Cette limite, largement dépassée par les Néerlandais (82 licences comptabilisées contre une première autorisation pour 22), va-t-elle être appliquée ? Des études d’impact sur la ressource et les écosystèmes devront être réalisées.

Un amendement d’Alain Cadec, président de la Commission pêche, qui aurait limité davantage cette pratique, a été refusé de justesse. Mais à la majorité relative, les députés ont décidé de transmettre cette question en plénière. Il n’y aura alors plus 26 votants mais plus de 700, de nombreux pays, ce qui peut changer la donne.

« Se battre pour la plénière »

Pour les représentants des pêcheurs de Boulogne, Dunkerque et Calais, qui espéraient l’interdiction, et redoutaient l’extension de cette pratique, le bilan est mitigé. « On a évité le pire, on a sauvé l’honneur, et on va se battre pour la plénière », soulignent Stéphane Pinto et Frédéric Drogerys. D’ici ce vote qui pourrait avoir lieu en février à Strasbourg, les pêcheurs comptent mobiliser d’autres façades, et pays, pour obtenir l’interdiction.

« Le combat va se poursuivre en plénière, sous le regard de l’opinion publique européenne, réagit à leurs côtés l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot, très critique. L’interdiction de la pêche électrique était le seul vote responsable. Maintenir un statu quo peu encadré sur une technique dévastatrice est un coup très dur porté à une ressource déjà surexploitée et à la pêche artisanale qui tente désespérément de survivre. Sous couvert de permettre aux pêcheries industrielles de réduire leurs coûts de production en économisant du carburant, la pêche électrique organise la surexploitation de la ressource, transforme nos fonds marins en déserts marins et attaque ce qui reste de la pêche artisanale. »

Benoît LOBEZ et Solène LE ROUX