Edito : Le bar est fermé … Ras le bol

Les décisions prises mercredi dernier par les ministres européens sur la pêche au bar provoquent la colère des pêcheurs de loisir devant l’accumulation de mauvaises décisions, pour le bar bien sûr et pour toutes les pêches.

Nous réclamons, depuis des années, d’être écoutés et d’être entendus… Nous parlons à des murs. Nous voulons être acteurs dans la gestion des pêches et la protection des ressources halieutiques. Au lieu de cela nous sommes une simple variable d’ajustement d’une politique des pêches contradictoire et incohérente.

Par exemple, les scientifiques nous disent que les stocks de bars sont très bas au nord du 48ème parallèle et ne savent pas très bien ce qu’il en est au sud. Donc, on fabrique deux zones de pêches distinctes avec des contraintes différentes alors que nous savons que le bar est migrateur et qu’il n’existe pas un bar « atlantique » et un bar « Manche-Mer du nord ». Encore, en 2018, la pêche va « déshabiller » le sud en tentant de rhabiller le nord. C’est ridicule. Nous, les pêcheurs de loisir, avec la fermeture des prélèvements en 2018,  sommes les victimes d’une situation que nous n’avons pas créée et encore moins voulue.

Il faut savoir que nous, pêcheurs de loisir, représentons moins de 2 % de la totalité des espèces pêchées. Pour le bar, que nous ciblons en priorité, les prélèvements avant les restrictions des dernières années se situaient à environ 15% du total pêché. A quantité égale de bars, nous générons 30 à 40 fois plus d’emplois que la pêche professionnelle! Nous pêchons essentiellement à l’hameçon et les spécimens rejetés sont la plupart du temps vivants. Nous respectons une taille minimale de 42cm contre 36cm pour les professionnels.

Dans le même, Bruxelles vient d’autoriser la pêche hollandaise d’augmenter nettement le nombre de bateaux pratiquant la pêche électrique… en soulignant le fait que cette technique serait plus « écologique ». De qui se moque t’on ! L’électricité tue tous les poissons (et autres), y compris les juvéniles…

De toutes les façons, il n’y a pas de pêche « écologique ». Il y a éventuellement une pêche raisonnable. Nous, les pêcheurs de loisir, avons fait des efforts dans ce sens depuis plusieurs années et nous sommes prêts à continuer. Nous pensons que, à la  vue de notre poids économique, nous devons être considérés au même titre que la pêche professionnelle. De plus, la mer est un bien collectif qui n’appartient pas à telle ou telle catégorie professionnelle.

La FNPP (Fédération Nationale) et les fédérations européennes  de la plaisance ont été reçues à Bruxelles en novembre par des commissaires européens qui nous ressortent, année après année, les mêmes chiffres erronés nous concernant et que nous réfutons à chaque fois. Quel manque de sérieux… s’ils font comme cela pour tous les dossiers qu’ils traitent.

Nos ministres successifs nous écoutent gentiment, parfois soutiennent nos propositions verbalement et signent contre nous le moment venu. Manque de parole ? Manque de courage ? Cynisme ?

Depuis 2010, la FNPP demande pour le bar :

  • La taille minimale de 42cm pour tous, y compris les professionnels.
  • Suppression des zones nord et sud du 48ème parallèle
  • Respect des zones biologiques (frayères) pour tous et en toutes zones
  • Privilégier les pêches à l’hameçon, y compris les professionnels.

En 2018, un quota mensuel de quelques bars nous aurait suffi. En nous fermant totalement la pêche, certains d’entre nous vont jeter l’éponge et c’est l’économie liée à la plaisance qui est menacée. Les vendeurs de matériels de pêche et de navigation, les vendeurs de bateaux, l’administration qui touchera moins des taxes qu’elle nous impose, les recettes portuaires, le tourisme local, etc…

2018, nous ferons du bruit pour être entendu et pour que des oreilles poussent sur les murs.

Antoine BENOIT pour le Comité Régional des Pêcheurs de Loisir en Mer des Hauts de France